266786

2025

ISBN ISSN:19692269

Nouvelle Revue d'Esthétique

Roman Ingarden – Esthétique et littérature

Vol. 35 (35)

Edited by

Patricia Limido-Heulot

L’esthétique de Roman Ingarden constitue l’une des dernières grandes esthétiques phénoménologiques du 20e siècle. Elle se distingue par son ambition de penser la possibilité d’une théorie unifiée des arts. Sa démarche s’est inaugurée sur le terrain littéraire avec la publication de L’Œuvre d’art littéraire en 1921. Ce projet, fondamentalement ontologique, a trouvé son prolongement phénoménologique en 1937 avec La Connaissance de l’œuvre d’art littéraire qui, pour la première fois, donne une place centrale au lecteur et au spectateur, autrement dit,inaugure ce que l’on appelle désormais l’esthétique de la réception. La publication de la traduction de ce texte majeur en français (PUR, avril 2024) est l’occasion d’éveiller la discussion autour de la pensée littéraire et esthétique de Roman Ingarden, et dans ce but la Nouvelle Revue d’esthétique propose de lui consacrer un dossier. Il s’agira de favoriser la rencontre entre les points de vue philosophique et littéraire à partir de la lecture et du statut des actes de lecture. Envisager, d’une part, l’actualité de l’esthétique d’Ingarden relativement aux questions de la réception des œuvres autant qu’à celles des créations qui relèvent de l’adaptation d’un texte littéraire, que ce soit à l’écran, sur la scène ou sur tout autre support. Et, interroger, d’autre part, la conception de l’œuvre d’art élaborée par Ingarden afin de voir en quoi elle permet encore aujourd’hui de penser la création contemporaine : la mise en scène théâtrale, l’adaptation cinématographique, l’interprétation musicale, aussi bien que la restauration architecturale, dès lors que celle-ci est aussi à sa manière une interprétation de l’œuvre initiale.

Deadline: Sunday 1st September 2024

L’esthétique de Roman Ingarden constitue l’une des dernières grandes esthétiques phénoménologiques du 20e siècle. Elle se distingue par son ambition de penser la possibilité d’une théorie unifiée des arts. Sa démarche s’est inaugurée sur le terrain littéraire avec la publication de L’Œuvre d’art littéraire en 1921. Ce projet, fondamentalement ontologique, a trouvé son prolongement phénoménologique en 1937 avec La Connaissance de l’œuvre d’art littéraire qui, pour la première fois, donne une place centrale au lecteur et au spectateur, autrement dit, inaugure ce que l’on appelle désormais l’esthétique de la réception. La publication de la traduction de ce texte majeur en français (PUR, avril 2024) est l’occasion d’éveiller la discussion autour de la pensée littéraire et esthétique de Roman Ingarden, et dans ce but la Nouvelle Revue d’esthétique propose de lui consacrer un dossier. Il s’agira de favoriser la rencontre entre les points de vue philosophique et littéraire à partir de la lecture et du statut des actes de lecture. Envisager, d’une part, l’actualité de l’esthétique d’Ingarden relativement aux questions de la réception des œuvres autant qu’à celles des créations qui relèvent de l’adaptation d’un texte littéraire, que ce soit à l’écran, sur la scène ou sur tout autre support. Et, interroger, d’autre part, la conception de l’œuvre d’art élaborée par Ingarden afin de voir en quoi elle permet encore aujourd’hui de penser la création contemporaine : la mise en scène théâtrale, l’adaptation cinématographique, l’interprétation musicale, aussi bien que la restauration architecturale, dès lors que celle-ci est aussi à sa manière une interprétation de l’œuvre initiale. À titre de pistes possibles, nous souhaiterions voir explorer les thématiques suivantes : 1. Quel héritage des catégories ingardeniennes peut-on mesurer dans les théories de la lecture ? Quelle trace ou quelle reprise en trouve-t-on, non seulement chez Jauss ou Iser, mais aussi bien chez Eco, Todorov, Gérard Genette, Stanley Fish, ou encore Michel Charles ? On pourrait aussi interroger la manière dont la réception d’un texte s’appréhende dans les approches pragmatiques et dans les sciences cognitives. L’horizon d’attente, l’expérience du lecteur, la compétence intertextuelle, le contexte historique et les normes culturelles qui encadrent la lecture : quelle place donne-t-on à ces catégories aujourd’hui ? S’agissant de la nature ou du statut des différents textes (récit, fiction, texte historique, texte documentaire ou texte scientifique), comment cette diversité est-elle abordée dans les approches phénoménologiques et cognitivistes ? En quoi l’acte de lecture s’en trouve-t-il modifié et quels en sont les effets sur la réception, l’évaluation et la croyance ? 2. En quoi le lecteur est-il co-créateur de l’œuvre ? Quel sens et quelle valeur cette idée conserve-t-elle aujourd’hui ? Est-ce une simple formule ou un principe de référence ? Participation, relation ou inclusion, diverses variantes de la thèse d’Ingarden sont possibles, quel régime esthétique cela induit-il ? L’esthétisation actuelle des arts favorise-t-elle l’extension ou la généralisation de cette idée, et le cas échéant, à quel prix ? 3. Puissance et lieux d’indétermination du texte La concrétisation du texte par le lecteur constitue le cœur de la théorie d’Ingarden : combler les lieux d’indéterminations, actualiser les aspects schématisés, ce sont autant d’appel à l’interprétation et à l’imagination du lecteur, mais également autant de sources de conflit d’interprétation. Dans ce contexte, faut-il envisager une responsabilité du lecteur ? Y aurait-il un lecteur idéal, et par rapport à quelle norme ? Par suite, quelle place reste-t-il pour l’auteur dans ce processus de (re)constitution ? 4. Comment juger des adaptations d’un texte littéraire ? On souhaiterait aussi, en conséquence des potentialités du texte, que soit abordé le problème des variations, voire des conflits entre des mises en scène, des adaptations, des interprétations ou des exécutions d’une même œuvre sur la base d’exemples précis pris au théâtre, au cinéma ou en musique. En quel sens et par rapport à quelles normes peut-il y avoir des versions plus justes que d’autres ? Cela ouvre le problème de l’origine et de la constitution de ces normes (horizon d’attente, version standard, version adéquate, version officielle). Cela pose également la question ontologique de l’identité de l’œuvre. Une œuvre adaptée est-elle réalisée, modifiée, dénaturée ou dévoyée ? Ou bien, cette identité est-elle un mythe ? Quels nouveaux enjeux les conflits de réception et la contradiction des interprétations dessinent-ils ? 5. La littérature est-elle un art comme les autres ? La volonté d’Ingarden de penser une théorie unitaire des arts se fait principalement sur la base du modèle du texte littéraire, mais celui-ci peut-il servir de modèle pour les autres arts ? On pourra réinterroger la conception ingardenienne de la réception esthétique dans une approche comparatiste, confrontant les variations issues des différents genres artistiques, entre arts plastiques, musique, arts du spectacle vivant. Y a-t-il des congruences entre ces pratiques ou des spécificités irréductibles ? Quelle place la musique joue-t-elle en réalité dans l’esthétique d’Ingarden comparativement au modèle littéraire ? Modalités de soumission Les propositions d’article pour ce n° 35 de la Nouvelle Revue d’Esthétique, seront envoyées par mail au format Word avant le 1er septembre 2024 à Dominique Chateau (pour tout renseignement complémentaire s’adresser également à lui) : chateaudominique@mac.com) et à Patricia-Luce Limido (patricia.limido@u-paris.fr ) Plus précisément, l’envoi comprendra : • le texte d’un article, en français ou en anglais, de 25 000 signes, espaces compris, sans compter les notes ; celles-ci, en nombre le plus restreint possible, devront être limitées à l’indication des références ; • un résumé de 300 mots en français et en anglais ; • une présentation succincte de l’auteur(e) ou des auteur(e)s de 100 mots maximum. Les articles reçus pour la rubrique « Études » seront anonymés en vue d’une double évaluation par le comité de rédaction de la Nouvelle Revue d’Esthétique. À l’issue de cette expertise, les auteur(e)s des propositions recevront l’avis du comité éventuellement assorti de remarques. Bibliographie indicative sommaire Roman Ingarden - L’Œuvre d’art littéraire (1929), Lausanne, L’Âge d’homme, 1983, trad. fr. de Ph. Secretan (Das literarische Kunstwerk: Eine Untersuchung aus dem Grenzgebiet der Ontologie, Logik und Literaturwissenschaft (1931), Halle, Max Niemeyer Verlag (2e éd. 1960). - Connaître une œuvre d’art littéraire, Presses universitaires de Rennes, 2024. - Vom Erkennen des literarischen Kunstwerks (1936), Tübingen, Niemeyer Verlag, 1968, 2e. éd. Gesammelte Werke, Bd. 13, Tübingen, Niemeyer Verlag, 1997 (trad. angl. The cognition of the literary work of art (trad. de R.A Crowley & Kenneth R. Olson) Northwest University Press, 1973); - Selected papers in Aesthetics (Peter J. McCormick, Ed.) München, Philosophia Verlag, Washington DC, Catholic University of America Press, 1985; - Ontology of the Work of Art (trad. angl. de R. Meyer et J.-T. Goldthwait), Athens, Ohio University Press, 1989. - Esthétique et ontologie de l’œuvre d’art. Choix de textes 1937-1969, Sélection et traduction par P. Limido, Paris, Vrin, 2011. --Anne Coignard, « Imagination et lecture selon Ingarden : La délicatesse de l’imagination », Bulletin d’analyse phénoménologique de Liège, XIII 2, 2017 (Actes 10) http://popups.ulg.ac.be/1782-2041 --Patricia Limido (dir.), Roman Ingarden, La phénoménologie à la croisée des arts, PUR, 2013. --Jeff Mischerling, Roman Ingarden’s ontology and Aesthetics, University of Ottawa Press, 1997. --Roman Ingarden in his time, Cracovie, 2020. Michel Charles, Rhétorique de la lecture, Seuil, « Poétique », 1977 Introduction à l’étude des textes, Seuil, « Poétique », 1995 Umberto Eco, Lector in fabula (1979), Livre de poche, 1989 Stanley Fish, Quand lire, c'est faire. L'autorité des communautés interprétatives (trad. fr. de Is there a text in this class? (1980), Les Prairies Ordinaires, 2007 H.-G. Gadamer, Vérité et méthode (1960), Paris, Seuil, 1990 Wolfgang Iser, L’acte de lecture (1976), Mardaga, 1985 L’appel du texte (1969), Allia, 2012 Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception (1978) Tel Gallimard, 1978 Petite apologie de l’expérience esthétique (1972), Allia, 2007 Vincent Jouve, L’Effet-personnage dans le roman, Puf, 1992 (dir.), L’expérience de lecture, Paris, L'Improviste, 2005 Michel Picard, La lecture comme jeu, Éditions de minuit, 1986 (dir.), La lecture littéraire. Actes du colloque de Reims de 1984. J.-P. Sartre, Qu’est-ce que la littérature ? (1947), Folio Tzvetan Todorov, Théorie de la littérature, Textes des formalistes russes (1965), Points 2001 Poétique de la prose, Le Seuil, 1971, chap. 16 « Comment lire ? » Alain Trouvé (dir.), La lecture littéraire dans tous ses états, L’improviste, 2019 Le lecteur, textes réunis par Nathalie Piégay-Gros, GF, 2014.
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