Conference | Paper

Tous les platonismes de Husserl (ou presque)

Claudio Majolino

Friday 28th September 2018

10:30 - 11:45

La question du « platonisme » de Husserl est souvent abordée, presque exclusivement, en rapport avec la théorie des objets idéaux des Recherches logiques. Théorie qu’Husserl lui-même rattache d’ailleurs, d’une manière tout à fait explicite, à l’interprétation de la doctrine platonicienne des idées proposée par Lotze. Husserl cependant n’en reste pas là et, à regarder les choses de près, le tableau s’avère bien plus complexe. A partir du début des années 1910 (à l’époque de la rédaction des Ideen I) Husserl approfondit en effet la lecture des dialogues de Platon et lit les Ennéades de Plotin. Quelques années plus tard, dans ses cours fribourgeois, il élaborera une conception de l’histoire de la philosophie très articulée où l’idée d’une « impulsion platonicienne » devient tout à fait centrale. Ainsi, dans cette phase de la réflexion de Husserl, le nom de Platon n’est plus simplement évoqué en lien avec l’ontologie des objets idéaux ; il apparaît plutôt dans le but de définir le sens et la tâche ultimes de la philosophie elle-même. Il y a enfin un troisième contexte où Husserl se confronte ouvertement avec l’héritage de Platon. C’est la thèse, formulée dans la Krisis, du passage du « platonisme où le réel avait une μέθεξις plus ou moins parfaite à l’idéal » à l’« idéalisation du réel lui-même » ; passage qui caractérise la constitution de la science moderne issue de la mathématisation galiléenne de la nature comme une « migration des formes platoniciennes dans la nature ».